Cette semaine, l’actualité a été marquée par des décisions politiques musclées, des bouleversements économiques et des tensions judiciaires. Entre la faillite de Northvolt, qui met un coup d’arrêt aux ambitions européennes dans le secteur des batteries, et la dissolution d’une vingtaine de partis en Guinée, les équilibres mondiaux continuent de se transformer. À Cuba, un nouveau black-out plonge l’île dans le noir, tandis que Donald Trump fait à nouveau parler de lui avec l’expulsion controversée de membres d’un gang vénézuélien et une taxe explosive sur le vin français. Et pour finir, Rodrigo Duterte, l’ex-président des Philippines, a comparu devant la Cour pénale internationale pour répondre de crimes contre l’humanité. Retour sur ces cinq événements qui ont fait l’actualité.
À lire aussi, notre dernier recap’hebdo pour développer ta culture générale ! L’actualité te permet d’enrichir une copie en géopolitique ou en ESH par exemple. D’ailleurs, consulte également notre article sur Trump qui souhaite s’emparer du Groenland !
Dissolution de partis en Guinée : une recomposition politique sous tension
Les autorités guinéennes ont annoncé la dissolution de 27 partis politiques et la suspension temporaire de 28 autres, dont des formations majeures comme le RPG d’Alpha Condé et l’UFR de Sidya Touré. Cette décision, justifiée par une évaluation des partis politiques menée par le ministère de l’Administration du territoire, s’inscrit dans un contexte de forte tension entre la junte au pouvoir et l’opposition.
Une épuration politique déguisée ?
Officiellement, l’objectif de cette opération est d’« assainir l’espace politique guinéen », en exigeant des partis de prouver leur existence administrative et financière. Ceux qui n’ont pas tenu de congrès récents ou qui n’ont pas justifié de comptes bancaires ont été suspendus. Pourtant, cette mesure vise principalement les formations d’opposition les plus influentes, dont les leaders, Alpha Condé et Sidya Touré, vivent en exil.
L’UFDG, principal parti d’opposition dirigé par Cellou Dalein Diallo, échappe de peu à la suspension, mais doit organiser un congrès dans les 45 jours sous peine de connaître le même sort. Cette injonction pose problème, car la justice guinéenne a ordonné la suspension de l’événement prévu en avril, laissant planer un doute sur l’avenir du parti.
L’opposition dénonce une tentative de musellement
Les réactions politiques ne se sont pas fait attendre. Alpha Condé a accusé la junte de chercher à « soumettre » l’opposition et de préparer le terrain pour un monopole du pouvoir. Les Forces Vives de Guinée (FVG), collectif regroupant les principaux partis d’opposition et organisations de la société civile, dénoncent une « tentative d’élimination de la scène politique des partis les plus représentatifs ».
Dans un climat de répression marqué par la disparition de plusieurs opposants et une restriction des libertés, ces suspensions prennent une dimension hautement politique. L’AfD, parti d’extrême droite allemand, s’est d’ailleurs emparé du sujet pour critiquer la gestion des régimes militaires africains, illustrant l’écho international de cette crise.
Une transition sous pression avant les élections de 2025
La junte dirigée par Mamadi Doumbouya avait promis, sous la pression internationale, un retour au pouvoir civil avant la fin de 2024. Cette échéance n’a pas été respectée, et le Premier ministre Amadou Oury Bah a récemment annoncé qu’un référendum, ainsi que des élections présidentielle et législatives, se tiendront cette année. Pourtant, aucun calendrier précis n’a été fixé.
En attendant, ces dissolutions et suspensions apparaissent comme un moyen d’affaiblir les partis les plus influents avant le scrutin. Si les élections de 2025 doivent permettre un retour à l’ordre constitutionnel, elles pourraient bien se dérouler dans un climat où la démocratie guinéenne sera déjà profondément remaniée.
Cuba plongée dans le noir : un nouveau black-out paralyse l’île
Cuba a une nouvelle fois été frappée par une panne généralisée d’électricité, privant la grande majorité des 9,7 millions d’habitants de courant. Ce quatrième black-out en moins de six mois met en lumière la crise énergétique profonde du pays, alimentée par un réseau vétuste et des pénuries de combustible.
Découvre notre article pour tout comprendre à la crise de Cuba !
Un réseau électrique au bord de l’effondrement
Vendredi soir, une avarie survenue dans une sous-station de la banlieue de La Havane a entraîné la déconnexion totale du réseau national. En quelques minutes, l’ensemble de l’île s’est retrouvée plongée dans l’obscurité. Les conséquences ont été immédiates : absence d’eau courante, paralysie des transports, et coupure des communications téléphoniques.
Ce black-out est le dernier d’une longue série. En 2024, trois pannes généralisées avaient déjà affecté le pays, dont certaines avaient duré plusieurs jours. En février dernier, le gouvernement avait même suspendu toute activité pendant deux jours pour économiser l’énergie et éviter une nouvelle catastrophe électrique.
Une crise énergétique aggravée par l’embargo et le vieillissement des infrastructures
Le réseau électrique cubain repose sur huit centrales principales, presque toutes mises en service dans les années 1980 et 1990. Ces infrastructures vieillissantes connaissent des pannes fréquentes et nécessitent des maintenances prolongées. Pour compenser, Cuba a recours à des centrales flottantes louées à une entreprise turque et à des générateurs fonctionnant au diesel. Cependant, le pays peine à se procurer du carburant en raison de l’embargo américain qui complique ses importations.
Dans certaines provinces, les délestages peuvent durer plus de 20 heures par jour, rendant la vie quotidienne extrêmement difficile. À La Havane, les coupures d’électricité sont devenues si courantes que les habitants organisent leur emploi du temps en fonction des horaires d’alimentation en courant.
Un espoir dans l’énergie solaire ?
Face à cette crise, le gouvernement cubain tente d’accélérer la transition énergétique. D’ici la fin de 2025, l’île prévoit l’installation de 55 parcs solaires équipés de technologie chinoise. Ces infrastructures devraient permettre de produire 1 200 mégawatts, soit environ 12 % de la consommation nationale.
Malgré ces efforts, l’urgence reste totale. Pour de nombreux Cubains, comme Xiomara Castellanos, 82 ans, la situation devient insoutenable. « Que Dieu nous aide, ce pays va de mal en pis ! », confiait-elle, inquiète pour la nourriture stockée dans son réfrigérateur.
Alors que l’électricité revient progressivement, avec un rétablissement complet attendu ce lundi matin, la population reste dans l’incertitude. Si rien n’est fait pour moderniser durablement le réseau électrique cubain, ces black-out pourraient bien devenir la norme plutôt que l’exception.
Faillite de Northvolt : un coup dur pour l’industrie européenne des batteries
Le fabricant suédois de batteries Northvolt, longtemps considéré comme le fer de lance de l’Europe dans la course aux batteries pour véhicules électriques, a déposé le bilan le 12 mars. Ce revers marque un échec majeur pour l’industrie automobile européenne et souligne les difficultés à concurrencer les géants asiatiques.
Un projet ambitieux qui s’effondre sous le poids des dettes
Fondé en 2016, Northvolt avait levé plus de 13 milliards d’euros auprès d’investisseurs privés et d’institutions publiques, dont Volkswagen, Goldman Sachs et la Banque européenne d’investissement. L’entreprise espérait créer un « Airbus de la batterie » pour réduire la dépendance européenne aux fabricants chinois et sud-coréens. Mais ces ambitions se sont heurtées à de nombreux obstacles. La hausse des coûts du capital a rendu l’accès aux financements plus difficile, tandis que des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement, exacerbées par l’instabilité géopolitique, ont fragilisé l’ensemble du projet. À cela s’est ajoutée une baisse de la demande pour les véhicules électriques, en partie causée par un marché incertain et la fin de certaines subventions publiques.
Après avoir tenté une restructuration en novembre 2024 sous la loi américaine sur les faillites, Northvolt n’a pas réussi à trouver de nouveaux investisseurs, entraînant son dépôt de bilan.
Un séisme industriel pour la Suède et l’Europe
La faillite de Northvolt est l’une des plus importantes de l’histoire contemporaine de la Suède, mettant en péril 5 000 emplois et plongeant la région de Skellefteå, où se trouvait son usine principale, dans l’incertitude. Pour la presse suédoise, c’est une véritable catastrophe économique.
Au-delà des pertes locales, cet effondrement représente aussi un revers stratégique pour l’Europe. Alors que l’Union européenne visait 25 % de la production mondiale de batteries d’ici 2030, elle ne représente actuellement que 3 % du marché, un chiffre bien loin derrière la Chine et la Corée du Sud. L’échec de Northvolt renforce la domination des acteurs asiatiques comme CATL, BYD, LG et Panasonic, qui pourraient désormais capter une part encore plus importante du marché européen.
Des constructeurs européens contraints de revoir leurs plans
Volkswagen, actionnaire de Northvolt à hauteur de 21 %, misait sur l’entreprise suédoise pour assurer son indépendance en matière de batteries. Désormais, le groupe allemand et d’autres constructeurs comme BMW et Porsche se tournent vers des fournisseurs asiatiques, compromettant encore davantage l’ambition d’une filière européenne autonome.
Certaines voix, comme celle du ministre allemand de l’Économie, Robert Habeck, espèrent un rachat des actifs de Northvolt par un autre acteur européen. Mais la défiance du marché et l’ampleur des dettes rendent cette option incertaine.
Un signal d’alarme pour l’avenir des batteries en Europe
La faillite de Northvolt met en lumière les défis majeurs que doivent relever les industriels européens. Il est essentiel de développer une capacité de production compétitive face aux mastodontes asiatiques et de sécuriser des financements à long terme pour éviter l’instabilité. Renforcer la chaîne d’approvisionnement en matières premières critiques comme le lithium et le cobalt devient également une priorité.
Alors que l’Union européenne s’est fixé comme objectif d’interdire les moteurs thermiques d’ici 2035, la question de l’indépendance énergétique et industrielle reste plus que jamais en suspens. Northvolt devait incarner la réponse européenne à ce défi, mais son effondrement laisse un vide que l’Europe devra combler rapidement pour ne pas être totalement dépendante de l’Asie.
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