Cette semaine, l’actualité internationale a été marquée par des événements d’une ampleur considérable, entre crises politiques, tensions économiques et bouleversements stratégiques. Alors que la Syrie plonge à nouveau dans des violences meurtrières, la France évoque une nouvelle manière de financer son armée en mobilisant l’épargne des citoyens. Pendant ce temps, l’action Thales s’envole en Bourse grâce à des résultats records, et la diplomatie mondiale se concentre sur une rencontre imminente en Arabie saoudite. Enfin, le Canada s’apprête à accueillir un nouveau Premier ministre, Mark Carney, dont la nomination suscite autant d’attentes que d’interrogations. Décryptons ensemble ces cinq actualités marquantes.
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Crise entre les États-Unis et l’Ukraine : une alliance fragilisée
Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, les relations entre Washington et Kiev se sont considérablement détériorées. La rencontre du 28 février entre le président américain et Volodymyr Zelensky, censée renforcer leur partenariat, s’est transformée en confrontation, débouchant sur la suspension de l’aide militaire américaine à l’Ukraine le 3 mars. Alors que Kiev tente de sauver son alliance avec Washington, une réunion cruciale doit avoir lieu en Arabie saoudite le 11 mars, avec l’espoir d’un réchauffement des relations.
Une rupture brutale entre Trump et Zelensky
Le sommet du 28 février à la Maison-Blanche a rapidement tourné à l’altercation. Donald Trump a sommé Volodymyr Zelensky d’accepter un accord de paix avec la Russie, même au prix de concessions importantes. En réponse, le président ukrainien a fermement rejeté cette approche, rappelant que Vladimir Poutine ne respecterait pas un cessez-le-feu sans garanties solides.
L’entretien a pris une tournure encore plus tendue lorsque Trump et son vice-président J.D. Vance ont reproché à Zelensky son « ingratitude » envers les États-Unis, insinuant que l’Ukraine dépendait trop du soutien américain. L’échange s’est terminé sans avancée, avec l’annulation d’une conférence de presse conjointe et la suspension d’un accord sur l’exploitation des ressources minières ukrainiennes par des entreprises américaines.
Washington coupe son aide militaire et son renseignement
Trois jours plus tard, le 3 mars, Donald Trump a annoncé la suspension de l’aide militaire américaine à l’Ukraine, marquant un tournant décisif dans la guerre. Cette décision met fin aux livraisons d’armes qui avaient été essentielles pour Kiev depuis 2022, notamment les missiles Javelins, les systèmes de défense anti-aérienne et l’artillerie lourde. Avec un stock restant de 3,85 milliards de dollars, l’Ukraine pourra maintenir son effort militaire encore quelques mois, mais sans nouvel approvisionnement, les pénuries de munitions et de défense anti-aérienne pourraient survenir dès l’été.
En parallèle, le 5 mars, Washington a également suspendu le partage de renseignements militaires, privant Kiev d’informations stratégiques sur les mouvements des troupes russes. Jusqu’ici, ces données, issues d’images satellites et d’analyses avancées, permettaient à l’Ukraine d’anticiper les attaques et de planifier ses frappes. Désormais, le front devient plus vulnérable, et la Russie pourrait profiter de cette situation pour intensifier son offensive dans l’est et le sud du pays.
Une rencontre cruciale en Arabie saoudite
Face à cette crise majeure, une réunion entre responsables américains et ukrainiens est prévue le 11 mars à Jeddah, en Arabie saoudite, dans une tentative de rétablir le dialogue. Volodymyr Zelensky s’y rendra dès aujourd’hui pour rencontrer le prince héritier Mohammed ben Salmane, avant que son équipe ne poursuive les discussions avec les émissaires de Donald Trump.
Cette rencontre sera l’occasion pour Kiev de tenter de réactiver l’aide américaine, notamment en proposant de finaliser l’accord sur l’exploitation minière suspendu le 28 février. Washington, de son côté, pourrait utiliser cette réunion pour accentuer la pression sur Zelensky afin qu’il accepte un processus de paix avec Moscou.
Thales en plein essor : une hausse record de son action portée par la défense
L’année 2024 a été exceptionnelle pour Thales, dont les performances financières ont dépassé toutes les attentes. Avec une progression de 39 % de son bénéfice net, le groupe français de technologies et de défense a bénéficié d’une explosion de la demande en équipements militaires, notamment en raison des tensions géopolitiques croissantes. La publication de ces résultats le 4 mars 2025 a entraîné une flambée de son action en Bourse, qui s’est envolée de +16 % lundi, suivie d’un nouveau bond de 9 % à l’ouverture mardi.
Des résultats solides, portés par la défense
Thales a affiché un chiffre d’affaires de 20,58 milliards d’euros en 2024, soit une hausse de +11,7 %, largement tirée par ses activités de défense. Ce segment, en particulier, a enregistré une croissance de +13,3 % en organique, dopé par la vente de systèmes terrestres et aériens, ainsi que de radars de surface.
En parallèle, les nouvelles commandes ont atteint 25,29 milliards d’euros, en hausse de +9 % par rapport à 2023, dépassant ainsi les prévisions des analystes qui tablaient sur 23,76 milliards. Le résultat opérationnel (EBIT) ajusté a, lui aussi, progressé à 2,42 milliards d’euros, permettant une amélioration de la marge à 11,8 %, contre 11,6 % l’année précédente.
Sur ces bases solides, Thales a annoncé une augmentation de son dividende, passant de 3,40 euros à 3,70 euros par action, soit une hausse de 8,8 %.
Un contexte favorable qui booste l’action
La guerre en Ukraine et la nécessité pour l’Europe de renforcer ses capacités militaires ont largement contribué à l’essor de Thales. L’annonce de la suspension de l’aide militaire américaine à Kiev par Donald Trump le 3 mars 2025 a accéléré la dynamique des groupes de défense européens, perçus comme des acteurs clés du réarmement du continent.
Avec un carnet de commandes « historique », selon son PDG Patrice Caine, Thales entre en 2025 avec une visibilité sans précédent. Le groupe prévoit une croissance organique de son chiffre d’affaires de 5 à 6 % cette année, avec un EBIT ajusté qui pourrait atteindre 12,4 %.
Dans un contexte de tensions géopolitiques persistantes et de budgets militaires en hausse, Thales apparaît comme l’un des grands gagnants de la reconfiguration stratégique mondiale. L’action du groupe continue d’attirer les investisseurs, convaincus par la solidité de ses perspectives pour les années à venir.
Syrie : des massacres qui plongent le pays dans le chaos
La Syrie est de nouveau en proie à une flambée de violences meurtrières, trois mois après la chute du régime de Bachar Al-Assad. Depuis le 6 mars, des affrontements entre partisans du président déchu et forces de sécurité ont fait plus de 1 400 morts, dont 973 civils. Face à ce carnage, le président par intérim Ahmed Al-Charaa tente de contenir la situation et d’éviter une guerre civile à grande échelle, alors que la communauté internationale exprime son inquiétude.
Des violences déclenchées par les partisans d’Al-Assad
Tout a commencé le 6 mars, lorsqu’un groupe de partisans de l’ancien régime a attaqué un poste de sécurité à Jablé, près de Lattaquié, bastion historique de la minorité alaouite. En réponse, les forces du gouvernement de transition ont lancé une vaste contre-offensive, déployant des troupes dans les provinces de Lattaquié et Tartous.
Ces affrontements ont dégénéré en massacres, avec des représailles ciblant les communautés alaouites, accusées de soutenir le régime déchu. D’après l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), 973 civils ont été tués dans ces violences, ainsi que 481 combattants pro-Assad et membres des forces de sécurité. Ce bilan fait de cet épisode l’une des pires flambées de violences depuis la chute de Bachar Al-Assad.
Dans les rues de Damas, les tensions sont également palpables. Une manifestation pacifique contre les tueries a été dispersée par les forces de sécurité après l’irruption d’une contre-manifestation sunnite, appelant à l’instauration d’un État islamique et scandant des slogans hostiles aux alaouites.
Ahmed Al-Charaa tente de reprendre le contrôle
Face à l’ampleur des violences, Ahmed Al-Charaa a pris la parole le 9 mars dans une mosquée de Damas pour appeler à l’unité nationale et à la fin des affrontements. Il a annoncé la création d’une commission d’enquête indépendante pour identifier les responsables des massacres et les traduire en justice.
Cependant, son autorité reste fragile. Ancien chef du groupe islamiste Hayat Tahrir Al-Cham (HTS), il peine à rassurer les minorités et à contrôler les factions extrémistes sunnites qui l’avaient soutenu dans la chute du régime. Les groupes jihadistes alliés au gouvernement intérimaire ne partagent pas tous son désir de protéger les minorités, rendant la situation encore plus volatile.
Le président par intérim a également ordonné l’envoi de renforts militaires dans les zones touchées par les violences, notamment à Qadmous et Taanita, où les forces de sécurité traquent les derniers fidèles de l’ancien régime.
Condamnations internationales et risque d’embrasement
Ces massacres ont provoqué un véritable tollé international. Les États-Unis ont condamné des « massacres » et demandé au gouvernement syrien de punir les responsables. L’ONU a exigé la fin immédiate des tueries, tandis que Berlin et Londres ont exhorté Damas à protéger l’ensemble des Syriens et à garantir une justice transitionnelle.
Même Moscou, pourtant allié du régime Assad par le passé, a appelé à la désescalade pour éviter une spirale incontrôlable de violence.
Le risque d’un effondrement total de l’État syrien est réel. Alors que les forces kurdes refusent de céder les territoires qu’elles contrôlent et que les tensions interconfessionnelles s’aggravent, Ahmed Al-Charaa est confronté à un véritable test de leadership. S’il ne parvient pas à stabiliser la situation rapidement, la Syrie pourrait sombrer dans une nouvelle guerre civile, aux conséquences imprévisibles.
France : vers un financement de l’armée par l’épargne des Français ?
Face à un contexte géopolitique tendu et aux besoins croissants de modernisation de ses forces armées, la France explore de nouvelles sources de financement pour son budget militaire, estimé à près de 100 milliards d’euros à l’horizon 2030. Parmi les pistes envisagées, le gouvernement pourrait mobiliser l’épargne des Français via des livrets dédiés ou un emprunt national. Une proposition qui divise l’opinion publique et soulève des interrogations sur ses implications économiques.
Un budget militaire en forte hausse
Depuis plusieurs mois, le gouvernement a affirmé sa volonté d’accroître significativement les dépenses de défense pour faire face aux tensions internationales et compenser le retrait progressif des États-Unis du théâtre européen. Emmanuel Macron souhaite doubler le budget militaire, actuellement fixé à 50,5 milliards d’euros, afin d’atteindre près de 100 milliards d’euros.
Ce réarmement s’inscrit dans une dynamique plus large en Europe, notamment en Allemagne et au Royaume-Uni, qui augmentent également leurs investissements militaires pour faire face à la menace russe et garantir leur souveraineté stratégique. Cependant, l’augmentation massive des dépenses de défense pose un défi budgétaire majeur, dans un contexte où le gouvernement s’est engagé à ne pas augmenter les impôts.
L’épargne des Français : une ressource mobilisable ?
Pour financer cet effort sans alourdir la dette publique ni recourir à des hausses d’impôts, plusieurs options sont à l’étude. L’une des pistes envisagées consiste à créer un livret d’épargne dédié à la Défense, similaire au Livret A, qui permettrait aux citoyens d’investir volontairement dans l’effort de réarmement. Une autre option envisagée est celle d’un emprunt national, qui rappellerait les souscriptions publiques réalisées par le passé pour financer de grands projets d’infrastructure ou la reconstruction après la guerre. Par ailleurs, une réorientation partielle du Livret A et du LDDS, qui totalisent plus de 400 milliards d’euros d’épargne, a été évoquée mais pour l’instant rejetée par Bercy en raison des risques liés à une affectation ciblée des fonds.
Selon des sondages récents, deux Français sur trois soutiennent une augmentation des dépenses militaires, et certains se disent prêts à contribuer financièrement. Des citoyens interrogés par Franceinfo évoquent des dons mensuels symboliques, tandis que d’autres exigent une transparence totale sur l’utilisation des fonds.
Un débat économique et politique encore ouvert
Si cette mesure peut sembler attrayante pour renforcer l’indépendance financière de la Défense, elle soulève plusieurs questions économiques et juridiques. L’une des premières interrogations concerne la rentabilité pour les épargnants, car pour attirer les investisseurs, un livret de Défense devrait offrir un rendement supérieur à celui du Livret A, actuellement fixé à 2,4%. Par ailleurs, l’impact sur l’économie est un enjeu majeur, car mobiliser une part importante de l’épargne pourrait réduire la consommation et l’investissement privé, affectant ainsi la croissance économique. Certains experts redoutent également que l’État, une fois ce mécanisme mis en place, ne l’étende à d’autres secteurs comme l’énergie ou l’agriculture, créant un précédent potentiellement dangereux.
Le Premier ministre François Bayrou a indiqué que les décisions finales sur ces nouvelles sources de financement seront prises dans les prochaines semaines. En parallèle, l’Europe prévoit un plan de 800 milliards d’euros pour renforcer la défense commune, ce qui pourrait alléger une partie du fardeau budgétaire français. Dans les prochains mois, la question centrale sera donc de trouver un équilibre entre impératifs stratégiques, acceptabilité citoyenne et stabilité économique, alors que la guerre en Ukraine et les tensions avec la Russie imposent une accélération des décisions.
Mark Carney, le futur Premier ministre canadien face à de grands défis
Mark Carney, ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre, s’apprête à devenir le prochain Premier ministre du Canada après avoir été élu à la tête du Parti libéral avec 85,9% des voix des militants. Il succède à Justin Trudeau, qui quitte ses fonctions après près de dix ans au pouvoir. Carney, bien que novice en politique, bénéficie d’une expertise économique solide et d’un profil international reconnu. Son mandat s’annonce toutefois délicat, avec une économie à relancer, des tensions croissantes avec les États-Unis et une échéance électorale qui pourrait mettre rapidement fin à son passage au pouvoir.
Un économiste aguerri mais un néophyte en politique
Mark Carney n’a jamais été député ni occupé de fonction gouvernementale avant d’accéder au poste de Premier ministre. Pourtant, il a bâti une carrière impressionnante dans le monde de la finance et de la gouvernance économique. Diplômé de Harvard et d’Oxford, il a travaillé chez Goldman Sachs avant de devenir gouverneur de la Banque du Canada en 2008, au moment de la crise financière mondiale. Son rôle a été salué pour la stabilité qu’il a apportée à l’économie canadienne en période de turbulence. Il a ensuite dirigé la Banque d’Angleterre de 2013 à 2020, gérant les conséquences du Brexit sur l’économie britannique.
Son manque d’expérience politique est un défi, mais il le compense par son pragmatisme et sa maîtrise des enjeux économiques. Lors de sa campagne interne au Parti libéral, il a promis de remettre « l’économie sur les rails » et de proposer une approche équilibrée entre croissance économique et transition écologique. Il a également occupé le poste d’envoyé spécial des Nations unies pour le financement de l’action climatique, soulignant sa volonté d’intégrer les enjeux environnementaux dans les décisions économiques.
Un mandat sous pression et des relations tendues avec les États-Unis
Mark Carney prend ses fonctions à un moment où le Canada doit composer avec un voisin américain de plus en plus imprévisible. Donald Trump, candidat à un retour à la Maison-Blanche, multiplie les déclarations agressives à l’encontre du Canada, allant jusqu’à suggérer que le pays pourrait devenir le « 51e État américain ». Trump a également imposé des droits de douane sur plusieurs produits canadiens, déclenchant une guerre commerciale qui pèse sur l’économie du pays.
Lors de son discours de victoire, Carney a affiché sa détermination à défendre les intérêts du Canada face aux pressions américaines. Il a qualifié les menaces de Trump de « crise majeure » et affirmé que le Canada ne se laissera pas dicter sa politique économique et commerciale. Il a notamment insisté sur la nécessité de préserver les ressources naturelles et l’indépendance économique du pays.
Une position fragile avant les prochaines élections
Malgré sa large victoire au sein du Parti libéral, Mark Carney ne bénéficie que d’un sursis politique. Le Canada doit organiser des élections législatives avant octobre, et les sondages montrent que les conservateurs de Pierre Poilievre sont de sérieux challengers. Carney souffre d’un déficit de notoriété auprès du grand public et d’un manque de charisme qui pourrait jouer en sa défaveur face à un adversaire populiste et offensif.
Son faible niveau en français est également un point de friction, particulièrement au Québec, où la maîtrise des deux langues officielles est un enjeu clé. Lors d’un débat télévisé, il a commis une erreur de langage en déclarant « nous sommes tous d’accord avec le Hamas », avant de se reprendre immédiatement. Ce type de maladresse pourrait lui coûter cher auprès des électeurs francophones.
Cette semaine a été rythmée par des tensions internationales, des choix économiques décisifs et des changements politiques marquants. Entre enjeux de défense, instabilité en Syrie et montée en puissance de Thales, l’actualité continue de bouger. Rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau récap !
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