Pour ce premier récap de février, on revient sur cinq actualités majeures qui ont marqué le monde cette semaine. Entre les tensions politiques en France avec la non-censure de François Bayrou, la victoire du parti de Narendra Modi à New Delhi après vingt-sept ans d’absence, et la suspension de l’abaissement du seuil de TVA pour les autoentrepreneurs, le paysage politique et économique continue d’évoluer. Sur le plan international, Donald Trump a relancé la guerre commerciale en annonçant des droits de douane de 25 % sur l’acier et l’aluminium, tandis qu’Emmanuel Macron a dévoilé un plan d’investissement massif de 109 milliards d’euros pour faire de la France un acteur clé de l’intelligence artificielle. Décryptons ensemble ces cinq actualités marquantes.
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François Bayrou échappe à la censure et sauve son gouvernement
François Bayrou a réussi un tour de force en échappant à deux motions de censure à l’Assemblée nationale, permettant ainsi l’adoption du budget de l’État pour 2025. Grâce à la décision stratégique du Parti socialiste et du Rassemblement national de ne pas voter la censure, le Premier Ministre évite le sort de son prédécesseur Michel Barnier et s’offre un répit politique.
Un vote sous haute tension
L’utilisation du 49.3 lundi 3 février sur le projet de budget 2025 avait déclenché une riposte immédiate de La France insoumise (LFI), qui, avec le soutien des communistes et des écologistes, a déposé une motion de censure pour renverser le gouvernement. Cependant, mercredi 5 février, cette tentative a échoué : seuls 128 députés, dont six socialistes, ont voté en faveur de la motion, loin des 289 voix nécessaires.
Ce rejet permet à l’Assemblée nationale d’approuver le budget 2025, qui sera définitivement validé par le Sénat dans les jours à venir. Ce budget vise à ramener le déficit public à 5,4 % du PIB grâce à une combinaison de nouvelles recettes fiscales notamment des contributions exceptionnelles pour les ménages les plus aisés et les grandes entreprises et des coupes budgétaires.
Le Parti socialiste sous le feu des critiques
Si Bayrou a sauvé son gouvernement, il l’a fait en accentuant la fracture au sein de la gauche. En décidant de ne pas voter la censure, le Parti socialiste a suscité la colère des insoumis, qui dénoncent une trahison du Nouveau Front populaire. Jean-Luc Mélenchon a fustigé « la bassesse des fausses oppositions » tandis que LFI a parlé d’une « interruption » du NFP par le PS.
Le PS tente de justifier sa stratégie en affirmant que son choix « ne vaut nullement adhésion » à la politique de François Bayrou. Pour marquer son indépendance, il a annoncé qu’il déposera sa propre motion de censure le 19 février, axée sur l’ensemble de la politique gouvernementale, et notamment les déclarations polémiques du Premier ministre sur l’immigration.
Un succès pour Bayrou, mais à quel prix ?
Cette victoire politique renforce provisoirement François Bayrou, mais elle repose davantage sur le rejet d’une crise institutionnelle que sur un réel soutien. Selon un baromètre Ifop/Ouest-France, 61% des Français estiment que le PS a eu raison de ne pas voter la censure, tout comme 62% pour le RN. François Bayrou en tire profit avec une hausse de quatre points de popularité (39% d’opinions favorables), mais Emmanuel Macron, lui, continue de s’enfoncer (24% d’approbation).
Si certains voient dans cette séquence une démonstration de l’habileté politique de Bayrou, d’autres relativisent. « Il n’y a pas de miracle Bayrou », estime Harold Huwart (Liot), soulignant que la peur de l’instabilité économique a pesé lourd dans la décision des parlementaires.
Budget 2025 : la suspension de l’abaissement du seuil de TVA pour les autoentrepreneurs
Alors que François Bayrou vient d’échapper à la censure et de faire adopter le budget 2025, le gouvernement a décidé de suspendre une des mesures les plus contestées du texte : l’abaissement du seuil d’exemption de la TVA pour les autoentrepreneurs. Face à la grogne du secteur, le ministre de l’Économie, Éric Lombard, a annoncé l’ouverture d’une concertation avant toute mise en application.
Une mesure qui suscitait une levée de boucliers
Le budget 2025 prévoyait d’abaisser à 25 000 euros de chiffre d’affaires annuel le seuil d’exemption de TVA pour les microentrepreneurs, contre 37 500 euros pour les prestations de services et 85 000 euros pour les activités commerciales auparavant. Cette réforme, censée rapporter 400 millions d’euros à l’État, imposait à de nombreux autoentrepreneurs d’appliquer une TVA de 20 % sur leurs prestations, augmentant leurs tarifs et risquant d’affaiblir leur compétitivité.
Dès l’annonce de cette mesure, les fédérations de travailleurs indépendants et de petites entreprises ont dénoncé une décision prise « sans concertation » et potentiellement nuisible pour les plus petits entrepreneurs. « C’est un coup dur pour les microentreprises », a réagi Jean-Guilhem Darré, du Syndicat des indépendants et des TPE, pointant du doigt un risque de travail au noir et de faillites en cascade.
Un recul du gouvernement sous pression
Devant l’ampleur des critiques, Éric Lombard a annoncé jeudi 6 février sur France 2 la suspension de cette disposition. « Nous avons entendu les demandes des autoentrepreneurs. Véronique Louwagie, ministre du Commerce, va lancer une concertation afin d’ajuster cette mesure si nécessaire », a-t-il déclaré. En attendant, les entreprises concernées ne seront pas tenues d’effectuer les démarches administratives liées à la TVA.
Ce recul intervient dans un contexte politique tendu où le gouvernement cherche à éviter de nouvelles tensions après le rejet des motions de censure contre François Bayrou. Si cette suspension illustre une volonté de dialogue, elle pose aussi une question clé : comment compenser les 400 millions d’euros de recettes attendues ? Le ministre de l’Économie a assuré que « d’autres solutions » seraient trouvées pour garantir l’équilibre budgétaire.
Pour l’instant, les autoentrepreneurs soufflent, mais cette suspension ne signifie pas l’abandon de la mesure. Le gouvernement pourrait bien la réintroduire sous une forme modifiée après la concertation.
Le parti de Narendra Modi reconquiert New Delhi après vingt-sept ans
Le Bharatiya Janata Party (BJP) du Premier ministre indien Narendra Modi a remporté une victoire décisive lors des élections régionales du 5 février à New Delhi. Après vingt-sept ans d’absence, la formation nationaliste hindoue reprend le contrôle de la capitale, confirmant l’influence politique de Modi malgré des élections nationales mitigées en 2024.
Un triomphe électoral pour le BJP
Avec 48 sièges sur 70, le BJP a largement dominé le scrutin face au Parti de l’homme ordinaire (AAP), qui ne conserve que 22 sièges. Cette défaite est un coup dur pour Arvind Kejriwal, ancien ministre en chef de Delhi et figure de l’opposition, qui perd même son propre siège. Le Parti du Congrès, autrefois dominant, est quant à lui rayé de la carte.
Narendra Modi a célébré cette victoire en la présentant comme un succès de sa politique : « Le progrès l’a emporté, la bonne gouvernance l’a emporté », a-t-il déclaré. Son parti, souvent perçu comme une machine électorale implacable, a su séduire les électeurs en promettant le maintien des aides sociales mises en place par l’AAP et en offrant de nouvelles allocations pour les plus défavorisés.
Une défaite humiliante pour l’opposition
L’AAP, au pouvoir depuis dix ans, subit une lourde sanction électorale. Fondé en 2012 sur un mouvement anticorruption, le parti bénéficiait d’un fort soutien des classes populaires grâce à ses politiques d’accès gratuit à l’eau et à l’électricité. Mais la campagne électorale a été marquée par les démêlés judiciaires de Kejriwal, qui a passé plusieurs mois en détention en 2024 avant d’être libéré sous caution. Cette affaire a affaibli son image, d’autant qu’il espérait faire de ces élections un « certificat d’honnêteté » validé par les urnes.
Un retour en force du BJP sur la scène politique
Huit mois après un scrutin national décevant pour le BJP, cette victoire à Delhi renforce Narendra Modi et place son parti en position de force pour les prochaines échéances électorales. Elle marque également un affaiblissement significatif de l’opposition, désormais en difficulté pour proposer une alternative crédible.
Ce succès électoral illustre la capacité du BJP à reconquérir des territoires perdus, mais pose aussi des questions sur la gestion future de la capitale, notamment face aux défis de la pollution et des inégalités sociales.
Donald Trump impose des droits de douane de 25 % sur l’acier et l’aluminium
Dans la continuité de sa politique protectionniste, Donald Trump a annoncé l’instauration de droits de douane de 25 % sur l’acier et l’aluminium importés aux États-Unis. Cette décision, qui vise à protéger l’industrie sidérurgique américaine, risque de provoquer de vives tensions commerciales, notamment avec le Canada, l’Union européenne et la Chine.
Lis notre article sur la suspension des sanctions contre la Colombie par Trump !
Une annonce brutale, des alliés inquiets
C’est depuis l’avion présidentiel, en route pour le Super Bowl, que Donald Trump a fait cette annonce choc : « Tout l’acier arrivant aux États-Unis aura 25 % de droits de douane, et l’aluminium sera soumis aux mêmes taxes. » Il n’a pas précisé la date exacte de mise en application, mais ces mesures marquent un retour aux politiques tarifaires agressives qui avaient déjà caractérisé son premier mandat.
Le Canada, principal fournisseur d’acier et d’aluminium des États-Unis, est directement touché, tout comme le Mexique, le Brésil et la Corée du Sud. Ces pays représentent l’essentiel des importations américaines de ces métaux.
L’Europe sur la défensive, la Chine réplique
L’Union européenne n’a reçu aucune notification officielle, mais la Commission européenne a d’ores et déjà prévenu qu’elle « réagira pour protéger les intérêts des entreprises européennes en cas de mesures injustifiées ». En clair, Bruxelles est prête à répliquer avec des contre-mesures, comme elle l’avait fait en 2018 lors du premier mandat de Trump.
De son côté, Pékin a déjà riposté à d’autres surtaxes américaines en imposant de nouveaux droits de douane sur certains produits américains. Un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a dénoncé une escalade du protectionnisme, mettant en garde contre « l’absence de gagnant dans une guerre commerciale ».
Un levier politique pour Trump
Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump fait des droits de douane un axe central de sa politique économique et diplomatique. Il a annoncé qu’il dévoilerait d’ici quelques jours une série de « droits de douane réciproques », qui aligneraient la taxation des produits étrangers sur celle subie par les exportations américaines. « S’ils nous taxent à 130 %, nous ne les taxerons pas à zéro », a-t-il martelé, visant implicitement l’Union européenne et la Chine.
Cette offensive tarifaire risque de renforcer l’inflation aux États-Unis, comme cela avait été le cas en 2018 avec la hausse des prix de l’acier et de l’aluminium. Si les sidérurgistes américains bénéficient de ces mesures, les secteurs de l’automobile, de la construction et de l’aéronautique pourraient en pâtir, avec un impact direct sur l’emploi.
109 milliards d’euros d’investissements : Macron mise sur l’intelligence artificielle pour l’avenir de la France
Emmanuel Macron a annoncé un plan d’investissement massif de 109 milliards d’euros pour le développement de l’intelligence artificielle en France. Cette somme, issue d’investissements privés, vise à positionner le pays parmi les leaders mondiaux de la révolution technologique en cours. À la veille du Sommet international sur l’IA à Paris, le président français a souligné que cet effort était « l’équivalent pour la France de ce que les États-Unis ont annoncé avec ‘Stargate’ », un programme américain de plus de 500 milliards de dollars dévoilé en janvier par Donald Trump.
Consulte notre article sur le projet Stargate à 500 milliards et l’IA DeepSeek !
Une réponse à la course mondiale à l’IA
Dans un contexte où les États-Unis et la Chine dominent largement le secteur, la France veut s’imposer comme un acteur majeur du développement de l’intelligence artificielle en Europe. En attirant des capitaux étrangers et en renforçant son écosystème numérique, le pays entend garantir son indépendance technologique et développer des infrastructures à la hauteur des besoins croissants en puissance de calcul.
Ces investissements sont en grande partie portés par des acteurs internationaux comme les Émirats arabes unis, qui vont injecter entre 30 et 50 milliards d’euros dans un data center géant. Le fonds canadien Brookfield prévoit 20 milliards d’euros, dont une partie financera un centre à Cambrai. La start-up française Mistral AI, spécialisée dans les modèles d’intelligence artificielle, a également annoncé la construction de son propre centre de données près de Paris.
Des infrastructures essentielles pour l’avenir
L’élément central de cette stratégie repose sur le développement de centres de données de nouvelle génération, indispensables au bon fonctionnement des modèles d’intelligence artificielle. Ces infrastructures permettent d’accélérer l’entraînement des IA tout en garantissant la souveraineté numérique de la France face aux géants américains et chinois.
En complément, le gouvernement a identifié 35 sites stratégiques prêts à accueillir de nouveaux centres de données, renforçant ainsi l’attractivité du pays pour les acteurs du secteur. Aujourd’hui, la France compte plus de 300 data centers, ce qui la place au sixième rang mondial derrière les États-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Chine et le Canada.
Un enjeu technologique et économique majeur
Au-delà des infrastructures, Emmanuel Macron met aussi en avant les bénéfices de l’IA pour l’économie et la société. Il insiste notamment sur les avancées en matière de santé, avec l’utilisation de l’IA dans la lutte contre le cancer, mais aussi sur son rôle dans l’automatisation de certaines tâches professionnelles. Le président français assure cependant que cette transformation ne doit pas être perçue comme une menace pour l’emploi, mais comme une opportunité de modernisation.
Face à des acteurs privés aux ambitions démesurées, la demande de régulation est également forte. Emmanuel Macron a promis que le Sommet sur l’IA aboutira à une déclaration commune posant des principes clairs sur la protection des droits, la propriété intellectuelle et l’intégrité de l’information. Avec ce plan d’investissement, la France entend non seulement rattraper son retard sur les géants mondiaux, mais aussi s’affirmer comme un leader européen de l’intelligence artificielle. Reste à voir si ces engagements seront suffisants pour rivaliser avec les mastodontes américains et chinois déjà bien implantés dans le secteur.
Et voilà pour cette semaine, entre stratégies politiques, tensions économiques et paris technologiques d’envergure. L’actualité ne cesse de rebattre les cartes et d’impacter les équilibres mondiaux. On se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau récap et d’autres événements clés à ne pas manquer !
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