Le déficit de la balance commerciale française, longtemps considéré comme une faiblesse structurelle de l’économie nationale, a enregistré une légère amélioration en novembre 2024. Passant de 7,5 milliards d’euros en octobre à 7,3 milliards, ce résultat soulève des questions sur les dynamiques économiques en cours et les efforts nécessaires pour redresser durablement la balance commerciale en France.
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Une balance commerciale française structurellement déficitaire
Depuis plus de deux décennies, la France enregistre un déficit commercial chronique. Cette tendance s’explique par plusieurs facteurs, dont une perte de compétitivité industrielle et une forte dépendance aux importations énergétiques. En 2022, ce déficit atteignait un record historique de 164 milliards d’euros, principalement en raison de la flambée des prix des hydrocarbures liée à la guerre en Ukraine.
À titre de comparaison, l’Allemagne, souvent citée comme modèle économique européen, affichait la même année un excédent commercial de 220 milliards d’euros. Cette divergence souligne la spécialisation industrielle de l’Allemagne, notamment dans les secteurs automobiles et manufacturiers, tandis que la France, de son côté, peine à rivaliser dans les industries à forte valeur ajoutée.
Une légère amélioration en novembre
En novembre 2024, le déficit commercial français a reculé à 7,3 milliards d’euros, contre 7,5 milliards d’euros en octobre 2024, selon les données publiées par l’Insee. Ce résultat, bien que modeste, traduit un léger redressement de la balance commerciale, soutenu par des facteurs spécifiques liés aux exportations et aux importations.
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Hausse des exportations dans des secteurs stratégiques
Les exportations françaises ont augmenté de 3,2 % entre octobre et novembre 2024, principalement grâce à des performances solides dans deux secteurs clés :
- Aéronautique : Airbus a enregistré une hausse de ses commandes de 4,5 % au troisième trimestre 2024, grâce à la reprise des voyages aériens et à des ventes importantes aux États-Unis et en Asie. Les livraisons prévues en novembre, notamment sur les modèles A320 et A350, ont contribué à cette augmentation.
- Luxe : le secteur du luxe, dominé par des groupes comme LVMH et Hermès, a vu ses exportations croître de 6 % en novembre 2024 par rapport à la même période en 2023, porté par une forte demande en Chine (+8 % sur un an) et aux États-Unis (+5 %).
Baisse des importations énergétiques
Les importations françaises ont diminué de 1,8 % en novembre 2024, notamment en raison d’une baisse des prix de l’énergie sur les marchés internationaux. Les prix du gaz naturel ont reculé de 15 % entre septembre et novembre 2024, atteignant leur niveau le plus bas depuis janvier 2023, tandis que le prix du baril de pétrole Brent est tombé à 74 dollars en moyenne en novembre, contre 81 dollars en octobre.
En 2023, les hydrocarbures représentaient encore 40 % des importations françaises, pour une facture énergétique totale de 80 milliards d’euros sur l’année. Cette dépendance reste une contrainte majeure pour la balance commerciale, malgré les efforts engagés pour diversifier les sources d’approvisionnement énergétique et accélérer la transition vers les énergies renouvelables.
Une amélioration de la balance commerciale française à relativiser
Malgré une légère réduction du déficit commercial en novembre 2024, la situation économique de la France reste préoccupante. Le pays continue de dépendre lourdement des importations, notamment dans les secteurs énergétiques et industriels. En 2023, les hydrocarbures représentaient encore 40 % des importations françaises, pour une facture énergétique de 80 milliards d’euros. Cette dépendance, combinée à une désindustrialisation marquée, entrave les efforts de redressement économique.
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L’urgence de la transition énergétique
La transition énergétique apparaît comme un levier essentiel pour réduire cette dépendance aux importations énergétiques. Aujourd’hui, les énergies renouvelables représentent seulement 19,3 % de la consommation finale d’énergie en France (Ministère de la Transition Écologique, 2023), contre 32 % en Allemagne. Pour atteindre l’objectif fixé par l’Union européenne de 45 % d’énergie renouvelable d’ici 2030, la France devra considérablement accélérer ses investissements dans des projets comme l’éolien offshore et le solaire.
Un exemple marquant est le projet de parc éolien offshore au large de Saint-Nazaire, inauguré en 2022, qui produit environ 2 térawattheures par an, soit l’équivalent de la consommation électrique de 700 000 foyers. Cependant, ce type d’initiative reste insuffisant au regard des besoins globaux du pays. En comparaison, l’Allemagne dispose déjà de 8,1 gigawatts de capacité installée en éolien offshore, contre 2 gigawatts seulement en France en 2024.
Renforcer la compétitivité industrielle
La désindustrialisation amorcée dans les années 1980 a profondément affaibli le tissu productif français. En 2023, l’industrie manufacturière représentait seulement 9,5 % du PIB français, contre 21 % en Allemagne et 16 % en Italie (Eurostat). Cette perte de compétitivité se traduit par une baisse des exportations de produits manufacturés, qui ne représentent plus que 15 % des exportations totales françaises, contre 40 % pour l’Allemagne.
Pour inverser cette tendance, des efforts sont en cours. Le plan France Relance, lancé en 2020, a permis de mobiliser 100 milliards d’euros, dont 35 milliards destinés à l’industrie. Par exemple, le groupe Stellantis (fusion de PSA et Fiat-Chrysler) a annoncé en 2023 un investissement de 2 milliards d’euros pour construire une nouvelle usine de batteries électriques dans les Hauts-de-France. Ce projet vise à réduire la dépendance aux batteries importées d’Asie, actuellement responsables de 70 % des importations dans ce domaine.
Cependant, ces initiatives restent ponctuelles et doivent s’accompagner d’une politique industrielle cohérente à long terme. Les investissements dans la robotisation, l’intelligence artificielle et les technologies vertes seront indispensables pour renforcer la compétitivité des filières stratégiques et attirer des investisseurs étrangers.
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Comment redresser durablement la balance commerciale française ?
La réduction du déficit commercial français en novembre 2024, bien que modeste, met en évidence l’urgence d’une transformation économique structurelle. Pour rivaliser avec ses voisins européens, la France devra concentrer ses efforts sur trois axes majeurs : renforcer sa compétitivité, accélérer la transition énergétique et stimuler l’innovation. Ces priorités, si elles sont bien ciblées, pourraient transformer une économie encore fragile en un moteur plus résilient sur la scène internationale.
Renforcer la compétitivité pour se hisser au niveau de l’Allemagne
En 2023, l’industrie manufacturière française représentait 9,5 % du PIB, contre 21 % en Allemagne, un écart qui illustre la désindustrialisation amorcée dans les années 1980. Ce recul a contribué à réduire les exportations de produits à haute valeur ajoutée, les biens manufacturés ne représentant plus que 15 % des exportations françaises, contre 40 % pour l’Allemagne (Eurostat).
Des initiatives récentes, telles que le plan France Relance doté de 35 milliards d’euros pour l’industrie, visent à inverser cette tendance. Parmi les projets phares, la gigafactory de Stellantis dans les Hauts-de-France devrait produire 400 000 batteries électriques par an d’ici 2025, réduisant ainsi la dépendance aux importations asiatiques. De telles mesures, si elles se multiplient, pourraient à terme réduire le déficit commercial de plusieurs milliards d’euros par an.
Accélérer la transition énergétique : une nécessité stratégique
La dépendance énergétique reste un fardeau majeur pour la balance commerciale française. En 2023, les hydrocarbures représentaient 40 % des importations totales, avec une facture énergétique annuelle de 80 milliards d’euros (Insee). En comparaison, l’Allemagne, grâce à des investissements massifs dans les énergies renouvelables, a réduit sa dépendance énergétique à 27 % de ses importations totales.
Pour combler ce retard, la France doit tripler sa capacité en énergies renouvelables d’ici 2030 pour atteindre les objectifs européens de 45 % d’énergie verte. Le développement de parcs éoliens offshore, comme celui de Dunkerque prévu pour produire 2,3 térawattheures par an d’ici 2026, est une avancée significative. À moyen terme, ces efforts pourraient réduire de manière notable la facture énergétique française et renforcer la résilience économique.
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Stimuler l’innovation : un investissement pour l’avenir
L’innovation technologique est un levier essentiel pour améliorer la compétitivité et la durabilité de l’économie française. En 2022, les dépenses en recherche et développement (R&D) représentaient 2,3 % du PIB français, un chiffre inférieur à celui de l’Allemagne (3,1 %) ou de la Corée du Sud (4,8 %).
Des initiatives comme le plan France 2030, qui mobilise 54 milliards d’euros pour soutenir les technologies stratégiques (hydrogène vert, intelligence artificielle, biotechnologies), visent à combler ce retard. Par exemple, l’investissement dans l’hydrogène vert pourrait non seulement réduire les émissions de CO2 mais aussi positionner la France comme un exportateur clé dans ce domaine, avec un marché mondial estimé à 700 milliards d’euros d’ici 2050.
Des perspectives d’avenir : vers une balance commerciale française équilibrée
Entre défis énergétiques et redynamisation industrielle, la route reste longue. Cependant, chaque amélioration, même modeste, est un pas vers une balance commerciale plus équilibrée et une économie plus compétitive.
Dans les années à venir, la mise en œuvre cohérente des plans industriels, la diversification des sources d’énergie et le soutien à l’innovation seront essentiels. Si ces efforts portent leurs fruits, la France pourrait espérer réduire son déficit commercial de manière significative, passant sous la barre des 50 milliards d’euros annuels d’ici 2030.
Les défis restent nombreux, mais cette dynamique récente montre que les leviers d’action sont à portée de main. La question clé reste : ces initiatives seront-elles suffisantes pour hisser la France au niveau de ses voisins européens sur la scène mondiale ?
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