Alors que l’année 2024 s’achève, cette dernière semaine a été particulièrement riche en actualités marquantes. De la crise politique en Géorgie, avec l’investiture contestée du nouveau président Mikheïl Kavelachvili, aux inquiétudes croissantes autour du secteur automobile en Allemagne, les événements ont une fois de plus capté l’attention internationale. La demande officielle de transfèrement de Serge Atlaoui par la France et les manifestations qui secouent encore l’Afghanistan et la Corée du Sud viennent compléter ce tableau d’une actualité mondiale en ébullition. Revenons ensemble sur ces faits majeurs qui concluent une année mouvementée.
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Crash de l’avion azerbaïdjanais : entre tragédie et tensions géopolitiques
Le 25 décembre 2024, un avion de ligne de la compagnie Azerbaïdjan Airlines s’est écrasé près d’Aktau, au Kazakhstan, causant la mort de 38 des 67 passagers à bord. Ce drame, dans un contexte de tensions croissantes dans la région, soulève de nombreuses interrogations, notamment sur le rôle potentiel de la défense antiaérienne russe.
Une succession d’événements dramatiques
L’appareil, un Embraer 190, assurait la liaison entre Bakou et Grozny, en Tchétchénie. Alors qu’il approchait de sa destination, l’avion a subitement dévié de sa trajectoire, traversant la mer Caspienne pour finalement s’écraser dans une plaine à des centaines de kilomètres de son itinéraire prévu. Selon des sources américaines et azerbaïdjanaises, l’avion aurait été touché par un missile russe, tiré alors que la région faisait face à des attaques de drones ukrainiens.
Vladimir Poutine a reconnu que la défense aérienne russe était en action à ce moment-là, mais sans admettre une responsabilité directe dans le crash. Les éclats de missile retrouvés sur le fuselage et les témoignages des survivants, évoquant une explosion externe, accréditent cependant la thèse d’une interférence physique et technique. Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a fermement insisté sur ces éléments, demandant des explications officielles de Moscou.
Réactions et enjeux géopolitiques
L’Union européenne et les États-Unis ont immédiatement appelé à une enquête internationale indépendante pour faire toute la lumière sur cet incident. Les parallèles avec le vol MH17, abattu en 2014 par des forces prorusses au-dessus de l’Ukraine, ravivent les inquiétudes autour des conflits aériens dans les zones de tension.
Face à la situation, plusieurs compagnies aériennes, notamment Flydubai et Azerbaijan Airlines, ont suspendu leurs vols vers la Russie et ses environs. Cette catastrophe met également en lumière les risques accrus pour les vols civils dans une région où s’entrecroisent conflits armés et stratégies militaires complexes.
Afghanistan : une nouvelle restriction envers les femmes
Depuis leur retour au pouvoir en août 2021, les talibans ont imposé une série de restrictions drastiques sur les droits des femmes. Leur dernière directive, publiée le 28 décembre 2024, ordonne d’obstruer ou d’éliminer toute fenêtre permettant de voir des espaces résidentiels occupés par des Afghanes. Cette mesure s’inscrit dans une politique systématique d’effacement des femmes de l’espace public, qualifiée par l’ONU d’« apartheid de genre ».
Une justification sous couvert de morale
D’après le communiqué officiel du gouvernement taliban, ces nouvelles règles visent à éviter des « actes obscènes » qui pourraient survenir si des femmes étaient visibles depuis l’extérieur en train de cuisiner, de travailler dans des cours ou de collecter de l’eau dans des puits. Zabihullah Mujahid, porte-parole des talibans, a précisé que les nouvelles constructions devront être conçues sans fenêtres donnant sur de tels espaces. Dans les cas où des fenêtres existent déjà, les propriétaires sont sommés de les obstruer ou de construire des murs pour bloquer la vue.
Les autorités locales ont également reçu l’ordre de surveiller les chantiers de construction afin de garantir l’application stricte de ce décret. Cette décision s’ajoute à une longue liste de lois imposées par le régime, toutes justifiées par une interprétation ultra-rigoriste de la loi islamique.
Une érosion totale des droits des femmes
Depuis leur arrivée au pouvoir, les talibans ont progressivement exclu les femmes de l’éducation, du travail, et de tout espace public. Désormais interdites d’étudier au-delà du primaire, d’accéder aux parcs, aux salons de beauté ou aux salles de sport, les Afghanes ne peuvent quasiment plus sortir de chez elles sans chaperon. Les médias locaux ont également cessé de diffuser des voix féminines, et une récente loi leur interdit même de chanter ou de déclamer de la poésie.
Pour Éric Cheysson, président de l’ONG La Chaîne de l’Espoir, ces mesures relèvent d’un « féminicide social » sans précédent. Il souligne que cette répression systématique réduit 20 millions de femmes à un silence et une invisibilité totales, une situation inédite dans l’histoire moderne.
Une réaction internationale insuffisante
Face à ces restrictions, l’ONU a dénoncé à plusieurs reprises cet « apartheid de genre », mais les actions concrètes pour soutenir les femmes afghanes restent limitées. Cette dernière mesure, visant même l’intimité des foyers, illustre la profondeur du contrôle exercé par les talibans sur la vie des Afghanes.
L’inquiétude monte chez les jeunes face au déclin de l’automobile allemande
Le secteur automobile, pilier économique de l’Allemagne, traverse une période difficile, marquée par des suppressions massives d’emplois et une incertitude grandissante. Les annonces de constructeurs comme Volkswagen et Ford, qui prévoient de réduire leurs effectifs de dizaines de milliers de postes, suscitent des inquiétudes profondes chez les jeunes diplômés, autrefois attirés par ce domaine.
Un secteur en déclin
Selon une étude de l’Institut Prognos, 46 000 emplois ont été supprimés dans l’industrie automobile allemande entre 2019 et 2023, et ce chiffre pourrait grimper à 190 000 d’ici 2035. Ces bouleversements touchent aussi les sous-traitants, amplifiant les effets sur le marché de l’emploi. Pour les jeunes ingénieurs et techniciens, le rêve de stabilité associé au secteur s’effondre, alors que le nombre d’offres d’emploi chute rapidement.
Des vocations remises en question
Dans les écoles d’ingénieurs, l’incertitude pèse sur les choix de carrière. Alors que certains, comme Maurice, major de promotion en génie mécanique, peinent à trouver un emploi, d’autres envisagent de quitter ce secteur pour explorer de nouvelles opportunités. Malgré tout, les compétences en ingénierie restent transférables, offrant des alternatives dans des domaines émergents tels que les énergies renouvelables ou l’intelligence artificielle.
Corée du Sud : l’ex-président Yoon Suk Yeol sous la menace d’arrestation
La Corée du Sud traverse une crise politique inédite depuis la fin de la dictature militaire en 1987. Le président déchu Yoon Suk Yeol, destitué le 14 décembre 2024 après une tentative ratée d’imposer la loi martiale, fait désormais l’objet d’une enquête pour « rébellion », un crime passible de la peine de mort.
Une crise sans précédent
Destitué par le Parlement, Yoon Suk Yeol reste officiellement suspendu de ses fonctions en attendant la validation de cette décision par la Cour constitutionnelle, qui dispose de six mois pour trancher. En parallèle, les services d’enquête sud-coréens ont demandé un mandat d’arrêt à son encontre après son troisième refus de se présenter à un interrogatoire. Une telle mesure, visant un chef d’État en exercice, est une première dans l’histoire récente du pays.
Le 3 décembre, Yoon Suk Yeol avait proclamé la loi martiale, autorisant l’armée à investir le Parlement pour museler l’opposition. Sous la pression des députés et de manifestations populaires massives, il avait finalement fait marche arrière quelques heures plus tard. Selon un rapport d’enquête, il aurait ordonné à l’armée d’ouvrir le feu si nécessaire pour pénétrer dans l’hémicycle, une directive qui a suscité une indignation nationale.
Une destitution qui ne résout pas la crise
En plus de la suspension de Yoon Suk Yeol, le président par intérim, Han Duck-soo, a également été destitué pour avoir tenté d’entraver l’enquête. Le ministre des Finances, Choi Sang-mok, a pris les rênes de la présidence par intérim et promis de « mettre un terme à la crise gouvernementale ». Néanmoins, la situation reste tendue, avec des manifestations massives divisant le pays entre partisans et opposants de l’ex-président.
Une menace légale et politique
Accusé de rébellion et de tentative de coup d’État, Yoon Suk Yeol fait face à des conséquences juridiques majeures. Si la Cour constitutionnelle confirme sa destitution, une élection présidentielle devra être organisée dans les deux mois. En attendant, les accusations portées contre lui, couplées aux révélations sur son rôle dans la tentative de loi martiale, marquent un tournant sombre pour la démocratie sud-coréenne.
La France demande officiellement le transfert de Serge Atlaoui, condamné à mort en Indonésie
La France a adressé une demande officielle à l’Indonésie pour le rapatriement de Serge Atlaoui, un ressortissant français condamné à mort en 2007 pour trafic de drogue. Ce dossier, emblématique des condamnations capitales en Indonésie, suscite l’espoir d’une issue favorable après des années de démarches diplomatiques et juridiques.
Une législation antidrogue dure et inflexible
Arrêté en 2005 dans une usine où de la drogue avait été découverte, Serge Atlaoui, 61 ans, a toujours nié être impliqué dans un quelconque trafic. Artisan soudeur de profession, il affirme avoir installé des machines industrielles dans ce qu’il pensait être une usine d’acrylique. Initialement condamné à la prison à vie, sa peine a été alourdie en appel, aboutissant à une condamnation à mort.
L’Indonésie, connue pour appliquer l’une des législations antidrogue les plus strictes au monde, compte actuellement 530 personnes dans le couloir de la mort, dont plus de 90 étrangers. Parmi ces derniers, de récents transferts, comme celui de la Philippine Mary Jane Veloso ou de plusieurs Australiens membres des « Bali 9 », laissent entrevoir des possibilités pour Serge Atlaoui.
Une demande officielle porteuse d’espoir
La demande de transfert, transmise le 19 décembre au nom du ministre français de la Justice, marque une nouvelle étape dans ce long combat. Selon Yusril Ihza Mahendra, ministre indonésien des Affaires juridiques et des Droits humains, le contenu de la lettre sera discuté début janvier, après les congés de fin d’année. Des échanges plus approfondis pourraient impliquer l’ambassade de France à Jakarta, témoignant de l’implication diplomatique dans cette affaire.
Une mobilisation internationale constante
Depuis 2015, lorsque l’exécution de Serge Atlaoui avait été suspendue in extremis, les autorités françaises et diverses ONG, comme Ensemble Contre la Peine de Mort (ECPM), ont continué à plaider sa cause. L’avocat français Richard Sédillot a récemment déclaré que cette demande de transfert représente un « espoir considérable » pour son client.
Le cas d’Atlaoui est emblématique des débats sur la peine de mort et des efforts internationaux pour protéger leurs ressortissants face à des systèmes juridiques perçus comme inflexibles. Tandis que les discussions se poursuivent, ce transfert pourrait marquer un tournant décisif dans la lutte contre la peine capitale à l’échelle mondiale.