L’épreuve de culture générale ECRICOME, comptant entre 4 et 7 selon les écoles et les filières, reste une composante centrale du concours ECRICOME 2025. C’est souvent une épreuve redoutée car elle exige à la fois rigueur intellectuelle, clarté d’expression et véritable appropriation des notions vues en classe. En quatre heures, tu devais rédiger une dissertation structurée, mobilisant références philosophiques, littéraires ou historiques autour d’un sujet court mais dense. Retrouve dans cet article notre analyse du sujet de culture générale ECRICOME 2025.
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L’analyse du sujet de culture générale ECRICOME 2025
Retrouve le sujet de culture générale ECRICOME 2025 juste ici !
Cette analyse est proposée par Frédéric Bretécher, Professeur de CG au lycée Externat-Chavagnes (Nantes) et à Audencia.
Que dire du sujet de CG proposé cette année par ECRICOME sur le thème de l’image : « Qu’est-ce qui apparaît dans l’image ? »
Avant toute chose, rappelons que la tradition veut qu’à ECRICOME deux sujets soient soumis à la sagacité des candidates et des candidats.
Nous passerons rapidement sur le sujet hors-thème, « L’inhumain ». Le sujet est vaste qui appelle immédiatement de nombreuses illustrations au-delà de ce qui caractériserait ce qui n’est pas humain, qui ne relèverait pas de l’espèce humaine. Se contenter de cette piste ôterait évidemment tout intérêt au sujet en le privant de la tension nécessaire à toute élaboration d’une pensée active. Le sujet invitait donc à d’abord interroger la notion d’humain, et à travers elle celle d’humanité, et à se demander si, bien que l’on naisse homme, on est par nature humain. Or, parce que l’être humain est par nature un être culturel, l’humain appartient à ce champ culturel qui implique que l’on ne naît pas véritablement humain, mais qu’on le devient.
Et l’inhumain, alors ? Si l’on est logique, l’inhumain serait ce qui précèderait l’humain comme finalité de tout processus culturel. Or, force est de constater que bien des manifestations de l’inhumain comme volonté de dégrader, voire de priver l’homme de son humanité, sont proprement le fait d’êtres humains contre d’autres êtres, qu’ils soient ou non humains. En somme, l’inhumain n’apparaît plus comme le contraire de l’humain mais comme une manifestation possible et paradoxale.
Venons-en au sujet lié au thème d’année des EC, l’image.
La formulation proposée par Ecricome est une formulation dans la pure tradition des sujets de la banque d’épreuves. Rappelons-nous, par exemple, le « qu’est-ce qui fait qu’un corps est humain ? ». On rappellera ici l’impérieuse nécessité de lire les rapports de jury qui sont une source précieuse d’indications y compris méthodologiques.
Que disait le rapport ? « La formulation du sujet pouvait conduire les candidats à procéder par énumération des caractéristiques distinctives sans effort de problématisation. (…) Les meilleures copies sont celles qui ont su radicaliser le problème (…).
Eh bien il y a fort à parier que le rapport de jury sur le sujet 2025 sera amené à formuler les choses dans les mêmes termes, car tel était bien le piège majeur du sujet que de se lancer dans une sorte d’exposé en forme « d’énumération de caractéristiques distinctives sans effort de problématisation » sur ce qui paraît dans l’image.
Rassurons les candidats : on peut tomber dans le piège et pour autant proposer une dissertation qui ne sera pas mauvaise car elle viendra valider des connaissances qui, si elles sont bien organisées, de façon logique, donneront des pistes pertinentes, voire stimulantes. Ainsi, dire que si ce qui apparaît dans l’image est a priori l’image elle-même comme surface visible, cette surface visible semble renvoyer à un modèle qui se cache sous le visible, ce qui implique une participation de celui qui regarde l’image auquel peut apparaître un invisible, l’image se faisant alors surgissement créatif dans un lien entre le « dans » et le « hors de » l’image.
On comprend bien que l’on tient là quelque chose qui fonctionne parfaitement…mais qui ne pose guère de problème en soi.
La formulation du sujet appelait donc, pour espérer parvenir au meilleur, une investigation des trois moments qui la composent : « qu’est-ce qui ? », « apparaît », « dans ».
Prenons les choses dans l’ordre :
Qu’est-ce qui ? Puisque l’enjeu de l’exercice dissertatif n’est pas de montrer mais de démontrer, la question du « qu’est-ce qui ? » interroge moins l’illustration que la possibilité de cette illustration. Ainsi, si je me demande ce qui fait que je puisse être humain, j’interroge moins les éléments constitutifs de ce qu’est être humain que la possibilité que je le devienne. Et quand je me demande ce qui apparaît dans l’image, je me demande en fait s’il est possible que quelque chose apparaisse dans l’image, avec en hypothèse qu’il puisse ne rien apparaître du tout.
Apparaître. Attachons-nous justement à ce terme, dont on sent bien qu’il est essentiel. Apparaître appelle deux substantifs, apparence et apparition. L’apparence est ce qui paraît extérieurement en même temps qu’elle est la trace de ce qui n’est pas ou n’est plus. On est là chez Platon et sa critique de l’image-eidolon. Mais il faut aussi avoir en tête Kant qui distingue l’apparence du phénomène : l’apparence relève de l’illusion, de l’erreur, empiriquement ou transcendentalement ; le phénomène, lui, appartient à la réalité et est la condition de notre expérience du réel.
L’apparition relève de l’action et de la manifestation qui rend tout d’un coup un invisible visible, image-eikôn, manifestation de l’être et présentification d’une absence, une épiphanie ou une hallucination, selon le degré d’imagination qui s’invite.
Le « dans » devient dès lors problématique car le « dans » impliquant l’idée de lieu, c’est précisément le lieu de l’image qui se trouve convoqué, non plus seulement une surface mais un espace qui renvoie à une étendue indéfinie, réelle ou imaginaire, dans laquelle le temps peut s’inviter, comme dans l’épisode de la madeleine de Proust. Quel est le lieu de l’image ? Est-il dans, sur, à l’extérieur de l’image, en nous peut-être qui, de ce fait, participons à l’image, à sa création et ce qui y apparaît.
Le paradoxe naît donc de la tension entre ce qui paraît et ce qui apparaît, c’est-à-dire en ce que qui se donne à voir dans, mais qui peut nous tromper, et ce qui agit en l’image par notre regard posé sur elle, plongeant en elle, et qui en fait à cette seule condition une image authentique. De là plusieurs problématiques s’ouvraient aux candidats : L’image porte-t-elle en elle une puissance d’apparition ? Peut-on voir dans l’image ce qui n’apparaît pas ? Est-ce dans l’image que l’image apparaît ? La liste n’est pas exhaustive.
Inutile d’aller au-delà de ces remarques qui ne veulent en rien effrayer les candidats qui ne retrouveraient pas là, de près ou de loin, ce qu’ils ont aujourd’hui produit. Au contraire, parce que la tradition d’ECRICOME est de valoriser le travail accompli durant les années de prépa, les candidats doivent se rassurer, si du moins la connaissance du thème et la maîtrise des références sont au rendez-vous, ce qui est, avouons-le, ici comme ailleurs, le minimum attendu. Et pour celles et ceux qui auront su s’étonner, se poser des questions, interroger le sujet jusqu’à un paradoxe un peu fin et une démarche pas seulement thématique et illustrative, vous pouvez espérer les meilleures choses possibles.
Enfin, pour revoir toutes les infos essentielles sur le concours ECRICOME 2025, notre page dédiée est disponible.
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