L’allégorie de la caverne est certainement le récit platonicien le plus connu. Il nous vient du livre VII de La République et va avoir une importante influence sur toute la philosophie sur des thèmes aussi majeurs que l’éthique, l’épistémologie et la métaphysique. L’allégorie de la caverne va être une manière imagée de raconter une histoire intellectuelle. Ce n’est pas un mythe mais bien une allégorie : c’est une manière pour Platon d’illustrer sa pensée sur la condition humaine.
Comme il l’écrit lui-même à travers le personnage de Socrate dans son dialogue : « Je vais te raconter une histoire qui décrit ce qu’est la condition humaine ». Comme nous allons le voir dans le déroulé du récit, sa thèse principale va être la suivante : la condition humaine consiste à prendre pour vérité de simples copies. Tu peux utiliser cette référence dans nombre de copies de culture générale en prépa ECG !
Première étape dans l’allégorie de la caverne : l’état initial
L’intérieur de la caverne incarne notre état initial : l’ignorance. Nous sommes plongés dans une grotte souterraine, qui symbolise notre enfermement, notre médiocrité et notre impuissance. Platon imagine que nous sommes prisonniers de cette caverne depuis l’enfance. Autrement dit : nous avons peu d’expérience de la vie, nous sommes naïfs, inconscients, et blindés de fausses croyances. On croit béatement que cette caverne est la vraie vie, la vérité, le réel — et on ne cherche pas plus loin, on est content.
Platon rajoute à cela des marionnettistes, des manipulateurs qui montrent aux prisonniers des ombres toutes fabriquées. Ces marionnettistes qui manipulent les prisonniers peuvent être soit des hommes politiques, qui nous maintiennent dans l’illusion ; soit des sophistes, ces faux philosophes qui enseignent comment manipuler par le langage, avec des discours creux. Ces ombres (= idées reçues, fausses croyances) sont de simples reflets, elles sont immatérielles, déformées… Et pourtant, les prisonniers croient qu’elles sont réelles car ils les ont vues toute leur vie — un peu comme nous, enfant, quand on vu le Père Noël, on a longtemps cru qu’il existait. En conclusion, l’existence de ces prisonniers est très pauvre, car leur réalité est illusoire.
Deuxième étape dans l’allégorie de la caverne : la rencontre du prisonnier avec le philosophe
Le philosophe va venir bouleverser leurs croyances antérieures, et instaurer le doute dans leurs certitudes. Il force alors les prisonniers à se relever, à marcher en dehors de la caverne. Mais, les prisonniers qui étaient bien au chaud dans leur caverne ont peur d’en sortir, car le monde extérieur (= la connaissance) leur est inconnu. Jusqu’à la fin, ils sont tentés de faire demi-tour, pour retrouver une réalité familière et confortable, mais le philosophe est costaud, et les empêche de retourner dans leur ignorance.
Alors, les prisonniers commencent à comprendre qu’ils ont été manipulés. Ils prennent conscience des ombres (= les illusions dans lesquelles ils ont été bercés), des méchants marionnettistes… Et ils prennent leur courage à deux mains et sortent de la caverne. Une fois sortis de la caverne, les prisonniers sont éblouis (rappelez-vous, ils n’ont jamais vu la lumière du jour !). Mais cela symbolise aussi leur premier contact avec la vérité. Cette association jour/vérité et ténèbres/ignorance va être très souvent reprise par les philosophes (par exemple les philosophes des Lumières comme Voltaire combattent l’obscurantisme qui est un mélange d’ignorance et de superstition).
Troisième étape et dernière étape de l’allégorie de la caverne de Platon : la connaissance
Délivrés de la caverne, les prisonniers deviennent heureux, leur rapport à la connaissance, au vrai, change complètement leur existence et développe leur altruisme. Ils vont redescendre dans la caverne pour chercher leurs camarades prisonniers. Certes, redescendre dans la caverne, c’est prendre un énorme risque. D’abord, les prisonniers vont subir les moqueries de ceux restés à l’intérieur car ils sont en total décalage. Ensuite, redescendre, c’est prendre le risque de ne jamais en ressortir.
Mais pour Platon, une fois que l’on n’y est sorti, une fois que l’on a côtoyé la connaissance, le savoir, il est impossible de retourner dans l’ignorance, car la connaissance est source de bonheur pour l’homme. Cependant, Platon conclut son récit sur une vision pessimiste : l’homme qui reviendra dans la caverne pour révéler le vrai finira probablement par être tué car il ira trop à l’encontre des certitudes et préjugés (on peut y voir là une référence de Platon à la condamnation à mort de Socrate).
Le sensible et l’intelligible
Platon se sert également de l’allégorie de la caverne pour nous dire que nous avons deux manières d’appréhender le monde, les choses autour de nous : une approche sensible et une approche intelligible. Par exemple, si je vous demande de me définir le mot « cercle », vous pouvez soit me dessiner un rond — ça c’est l’approche sensible — soit me donner la définition de l’idée de cercle — ça, c’est l’approche intelligible. Il s’agit de deux approches différentes. Et pour Platon, l’éducation, c’est-à-dire connaître réellement la vérité sur les choses, consiste à passer de l’illusion du sensible, à la connaissance intelligible des choses. Car le sensible est toujours subjectif — le cercle que vous m’auriez dessiné aurait pu être ovale, et non tout à fait rond. Et là, on aurait été dans le faux, car un rond, c’est rond.
L’allégorie de la caverne de Platon, c’est justement cette distinction entre le sensible et l’intelligible. Platon ne nous dit pas de répudier pour autant notre approche sensible des choses, mais de comprendre que le sensible ne permet pas la science. Le savoir ne se trouve pas dans nos croyances, opinions ou sensations (= les ombres dans la caverne), mais dans une vérité intelligible, que Platon appelle les Idées. L’allégorie de la caverne, c’est donc une invitation à sortir de l’ignorance dans laquelle nous nous trouvons, et reconnaître l’intelligence présente en nous pour aller vers la connaissance.
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