Après une année 2023 très difficile (-10%) en raison de la baisse des effectifs de préparationnaires, l’amélioration de la situation constatée par les relevés d’effectifs en septembre 2022 (et en 2023 !) se vérifie derechef dans les statistiques d’inscriptions aux concours des écoles de commerce.
Une hausse de 2% pour l’ensemble des écoles BCE… portée avant tout par les littéraires
Dernière année avant la réforme, ils étaient 9 616 candidats aux concours en 2022. Après une année 2023 cataclysmique (8 842 candidats), 2024 se révèle être un bon cru avec 9 023 candidats !
Pour rappel, la BCE associe 22 écoles, dont 19 de management (AUDENCIA, Brest Business School, BSB, EDHEC Business School, EM Normandie, emlyon business school, ESC CLERMONT Business School, ESCP Business School, ESSEC, Excelia Business School, Grenoble Ecole de Management, HEC Paris, ICN Business School, INSEEC Grande École, Institut Mines-Télécom Business School, ISC Paris Grande École, SCBS South Champagne Business School, SKEMA Business School, TBS Education) et 3 associées (ENSAE Paris, ENS Paris-Saclay, ESM de Saint-Cyr).
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Les prépas ECG ne progressent qu’à la marge, de 0,5% par rapport à 2023. La croissance observée provient de la croissance des voies technologique et littéraire, qui s’arrogent respectivement 6,7% et 8,2% de croissance. La faible croissance de la voie ECG ne permettra donc pas d’augmenter la part de marché de la filière dans la répartition des effectifs des Grandes Ecoles de commerce, qui ont une croissance bien supérieure à ce chiffre.
Recul des voies ECS et ECE historiques, la nouveauté en croissance !
La fin des filières ECS et ECE qui reposaient sur une absurdité totale consistant à faire subir un programme de mathématiques bien plus conséquent aux étudiants ayant réalisé un bac S que pour ceux ayant réalisé un bac ES, sans pour autant que leur seule autre différence – à savoir leur seconde matière principale (géopolitique ou ESH) – ne compense cet état de fait, est une excellente chose. Rappelons qu’en 2023, le nombre de candidats en maths approfondies a connu une chute de 18,2% par rapport à l’ancienne voie ECS tandis que ceux se présentant en maths appliquées ne reculait que de 1,5%. En 2024, la combinaison héritière de la voie ECS est en chute de
De manière peu surprenante, les voies qui permettent de casser ce lien historique irrationnel ont le vent en poupe ! La combinaison des maths approfondies et de l’ESH s’arroge une hausse de 17,1%, passant de 931 à 1 090 candidats tandis que celle mêlant géopolitique et maths appliquées augmente de 11,9%.
Désormais, 35,6% des candidats en voie ECG suivent une combinaison inédite contre 31,2% l’an passé. Les maths approfondies ont perdu 28 candidats tandis que celles appliquées en ont gagné 61. L’ESH s’attire également les faveurs des candidats avec une hausse de 77 étudiants tandis que la géopolitique a séduit 44 étudiants de moins.
Dernière curiosité statistique : le nombre d’étudiants ayant fait 4 années ou plus post-bac. Ils sont 181 à se présenter cette année (+9,7%) aux concours BCE. Obstination quand tu nous tiens.
Du progrès côté ouverture sociale
L’année 2023 était particulière : les chiffres d’inscription aux concours démontraient une chute extrême du pourcentage de boursiers (-16,2%) et de femmes (-12,9%). Si sur ce dernier point, il n’y a guère d’amélioration, force est de constater que du coté de l’ouverture sociale, il y a du mieux avec une hausse de 8,6%, soit une chute réduite à 9% depuis 2022.
Les boursiers ont tendance à présenter davantage d’écoles : 13,9 en moyenne contre 6,9 pour ceux qui ne le sont pas. On observe donc une hausse du nombre total de candidatures de 4%, soit 79 148 candidats.
Les statistiques de candidatures BCE 2024 par école
La BCE ne fournit que ce tableau suivant qui, certes complet, ne permet absolument pas de comparer efficacement les performances entre les années précédentes et 2024.
Afin d’obtenir une vue plus complète de l’ensemble des performances depuis l’entrée en vigueur de la réforme des prépas et du premier passage du concours associé aux nouvelles voies, voici un tableau permettant de comparer l’ensemble des évolutions de la voie ECG, EC (ECG + Techno) ainsi que de l’ensemble des inscriptions BCE (EC + Littéraires) avec pour chaque école, le nombre d’inscrits, les évolutions en nombre et en pourcentage par rapport à 2023 et 2022.
Analyse des évolutions des candidatures BCE des écoles
Les inscriptions en prépa ECG de la BCE pour 2024 ont évolué comme ceci :
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Nous pouvons y déceler des grandes tendances dans l’évolution des dynamiques des écoles.
Le haut de tableau à la fête
Du fait de la grande baisse des effectifs en prépa depuis la réforme du baccalauréat, intégrer les toutes meilleures écoles n’a jamais été aussi facile. S’il fallait faire partie du top 20% pour intégrer une des cinq premières écoles en 2012, ce sont désormais 27% des préparationnaires qui y ont accès.
En résulte davantage d’intégrés dans les toutes meilleures écoles au sein de davantage de prépas… et donc une diminution de l’auto-censure observée dans les classes préparatoires moins performantes.
C’est une excellente nouvelle pour ces écoles, qui pourront espérer diversifier leur recrutement. Côté prépa ECG, les Parisiennes s’offrent une hausse comprise entre 5,0% (ESCP BS) et 6,4% (HEC Paris). Les écoles du top 7 s’affichent en hausse comprise entre 1,1% (SKEMA) et 3,2% (emlyon).
Si l’on prend du recul jusqu’à 2022, dernier concours pas impacté par la réforme, les performances suivent presque parfaitement le classement SIGEM : +3,6% pour HEC et l’ESSEC, +3,8% pour l’ESCP. Par la suite, les baisses suivent le rang SIGEM :
- -0,5% pour l’EDHEC (4e)
- -1,3% pour emlyon (5e)
- -6,9% pour SKEMA (6e)
- -8,0% pour Audencia (7e)
Un peloton en souffrance
Comment ne pas déplorer les chiffres terribles de deux écoles membres historiques du top 10 des Grandes Ecoles françaises qui ont fait à l’époque le choix de ne pas suivre la concurrence dans la grande vague des fusions : Grenoble EM et TBS. Dans cette perspective, Audencia semble être la seule école du top 10 historique à réussir à conserver dans la durée un recrutement de préparationnaires un minimum sélectif en 2024. Un basculement définitif du bon côté de l’Histoire ?
Affichant des baisses de 11,5% et de 7,3% (respectivement), la plus grande accessibilité des meilleures écoles dues au maintien d’un nombre de places similaires pour une dizaine de points de candidats en moins depuis 2022 permet à de nombreux candidats de ne plus juger avoir besoin de présenter Grenoble EM et TBS par sécurité, ce statut étant également assuré par NEOMA et KEDGE. Avec 424 candidats EC (dont 527 ECG) en moins, Grenoble EM perd 1500 candidats en deux ans…
Pour ces deux écoles et pour renforcer encore l’attractivité d’Ecricome, il serait bon qu’elles puissent rejoindre ce concours, qui deviendrait ainsi la référence des écoles très réputées sur leur territoire tout en ayant une capacité d’impact national. Pour le concours Ecricome, un maillage national renforcé constituerait également un avantage majeur dans la conquête d’étudiants présentant le concours Tremplin (concours AST).
Parmi les écoles s’accrochant au peloton, ayant recruté environ 200 étudiants en 2023, figurent BSB et ICN qui déplorent une baisse des candidats ECG de 2,7% et 2,4% respectivement. Ces écoles, qui ont pu initier depuis une demi-douzaine d’années une augmentation considérable de leur positionnement dans la hiérarchie de la perception des écoles par les étudiants en classes préparatoires se retrouvent confrontées à un probable délitement de ces admissions si importantes pour leur développement. Cette légère hausse des effectifs dans leur ensemble peut leur être directement profitable en leur accordant une dizaine d’étudiants supplémentaires cette année… à performance d’attractivité égale.
En revanche, la situation des écoles suivantes s’améliorant (analysée par la suite), ces écoles rejoignent désormais leurs poursuivantes dans leurs baisses de candidats sur deux ans, celles-ci s’élevant désormais aux alentours de 25% pour l’ensemble des ECG.
Un peu de mieux derrière, grâce à des effets de base favorables
On pourrait être tenté de féliciter les membres du gruppetto du SIGEM pour leurs progressions exceptionnelles. A l’exception d’Excelia qui parvient avec sa progression de 7,5% en ECG et de 5,3% en EC à ne baisser « que » de 15,8%… et de Brest BS qui profite d’une hausse de 21,2% des effectifs ECG pour ne perdre plus que 14,1% de ses candidats EC depuis 2022, ces résultats ne compensent que peu les pertes initiées en 2022. Plus dépendantes des prépas ECT, elles affichent une sur-performance sur les voies générales et une sous-performance sur les voies technologiques.
Au vu des recrutements historiquement plus tournés vers la filière ECT de ces écoles, il faudra veiller avec attention au réel bénéfice en termes d’admissions finales.
On peut néanmoins se réjouir des premiers résultats prometteurs qu’enregistrent certaines écoles qui continuent de s’investir dans leur recrutement prépas malgré des chiffres très décevants en 2023. 6 écoles peuvent espérer améliorer leurs recrutements de 2023 : Excelia (50 affectés), IMT-BS (29), ISC Paris (19), ESC Clermont (12), SCBS (2) et Brest BS (3). Pour l’EM Normandie (14 affectés) et l’INSEEC Grande Ecole (43), les candidatures en baisse marqueront probablement la fin de leurs efforts envers cette filière, sachant que ces écoles connaissent des croissances extrêmement fortes dans d’autres filières.
Rappelons que l’EM Normandie cultive avec grande réussite son Programme Grande Ecole en 5 ans et ne figure d’ailleurs plus au classement post-prépa de Challenges tandis que l’INSEEC Grande Ecole continue d’affoler les compteurs du concours AST2 avec 1 044 intégrés en 2023 contre 868 en 2022.
Les filières technologies visent plus haut
Comme l’indique Major-Prépa dans son tableau de comparatif des candidatures ECT, l’évolution des candidatures ECT suivent quasiment le classement SIGEM Parisiennes connaissent une hausse supérieure à 20% des candidatures ECT. Derrière, l’évolution est directement corrélée au classement SIGEM. Il n’y a qu’à espérer que cette ambition nouvelle se retrouve dans les statistiques finales d’admissions en 2024, on y portera une certaine attention en juillet !
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Mention spéciale à l’ENSAE
Impossible de conclure cet article sans mentionner l’incroyable performance de l’ENSAE qui parvient à attirer 864 étudiants contre 670 en 2023 et 763 en 2022. Avec +13,2% depuis la réforme, c’est la meilleure progression, devant l’ENS Paris-Saclay (+7,1% en deux ans).
Il y a fort à parier que la volonté de l’ENSAE d’enfin communiquer de manière qualitative à travers des dispositifs qualitatifs, à l’instar de ce vlog réalisé par Major-Prépa et affichant d’excellents retours en commentaires, constitue un facteur de performance majeur. A l’heure où la compétence mathématique n’a jamais été aussi importante, il y a fort à parier que l’école pourra aisément dépasser les 1000 candidats en 2025 si elle continue sur sa lancée.